J. Guisolan: Capitaine Cérésole (1836-1881)

Titel
Capitaine Cérésole (1836-1881). Un officier suisse au service de France


Autor(en)
Guisolan, Jérôme
Erschienen
Pully 2016: Centre d'histoire et de prospectives militaires
Anzahl Seiten
132 S.
von
Christophe Vuilleumier

La vie du capitaine Cérésole illustre ces destins de Suisse engagés sous des drapeaux étrangers, qui en Hollande, qui en Piémont ou au service de la France. Une vie en l’occurrence de légionnaire, faite de fureur et de langueur, entre Sidi Bel Abbès et Paris, Neuburg et Vera Cruz.

Un homme de guerre que cet Adolphe Cérésole, mais également un homme de plume qui a laissé pour notre plus grand plaisir un journal de campagne et une riche correspondance évoquant successivement ses différents engagements au sein de la Légion étrangère. Incorporé en 1855, à l’âge de 18 ans, l’apprenti guerrier fait ses armes en Afrique du Nord ou il combat des rebelles kabyles avant d’être lancé dans la Campagne d’Italie que Napoléon III entame contre les Autrichiens pour venir en aide au royaume de Sardaigne. Le jeune Suisse se retrouvera plongé au coeur de la bataille de Magenta, en 1859. Il ne sera pas à Solférino, trois semaines plus tard, astreint au service d’un officier resté en poste à Milan. Qu’à cela ne tienne, il rejoindra le corps expéditionnaire français au Mexique en 1865 pour défendre Ferdinand Maximilien de Habsbourg. Après avoir lutté dans les plaines de Lombardie contre les Autrichiens, Adolphe Cérésole se retrouvait sur un autre continent pour protéger un archiduc de Vienne devenu empereur au pays des Aztèques. Les Chicanos de Juares, pas plus que les chasseurs tyroliens du maréchal Ferencz Gyulai ne parvinrent à faire une éraflure au Vaudois. Celui-ci allait monter en grade au fur et à mesure que sa propension pour la bouteille s’affirmait.

Il devait accueillir l’ouverture de la guerre contre la Prusse en juillet 1870 avec une joie indicible tant son retour dans une Europe apaisée, après son séjour dans le Nouveau Monde, lui paraissait ennuyeux. L’action manquait au soldat, dont l’entrain à aller s’exposer à la mitraille ne peut se comprendre qu’au travers de sa soif constante de moissonner les honneurs. L’épopée sera intense, mais brève, et surtout glaciale, car après une succession de marches forcées à travers les chaînes enneigées du Jura au cours de l’hiver 1871, il est capturé dans les environs de Montbéliard à l’issue d’une embuscade au cours de laquelle il est blessé d’un coup de baïonnette. Il finira cette guerre comme prisonnier militaire en Bavière où il découvrira, avec stupéfaction, tout ce que l’Allemagne peut avoir d’accueillante et de chaleureuse.

Dernier acte, la participation d’Adolphe Cérésole parvenu au grade de capitaine, à la répression de la Commune de Paris. Sabrant les révoltés devant les barricades, ordonnant à ses hommes d’exécuter autant de communards que possible, le militaire de carrière participera à la boucherie sans sourciller. De ce carnage, il rapportera un drapeau, celui du 145e bataillon de la Commune de Paris, conservé de nos jours au sein des Archives cantonales vaudoises.

Une vie de légionnaire, comme bien d’autres en fin de compte? Certes, mais une carrière militaire à cheval sur quatre conflits, cinq si l’on prend en compte les opérations de police menées en Afrique du Nord. Peu à voir donc avec ces autres destins, ceux de Blaise Cendrars ou d’Albert de Tscharner, enrôlés dans la Légion afin de lutter contre l’Allemagne de Guillaume II. Des engagements motivés par le seul désir de s’opposer à un pays haï, et non des carrières envisagées sur le long terme. Car Adolphe Cérésole avait la vocation des armes, plus que celle des idées, et voyait en la Légion une voie vers la gloire plutôt que l’échappatoire que ce corps d’armée constitua pour de nombreux Suisses. Cérésole apparaît ainsi comme l’envers d’un miroir où se refléterait un autre légionnaire helvétique, Erich Bringolf, cet aventurier dénué de moralité, devenu képi blanc par nécessité.

Mais de geste épique, voire de romantisme, il n’en est question que dans les romans ou les films, rarement dans les vies de soldat. Le livre de Jérôme Guisolan en fait la démonstration cruelle. Nous sommes ici loin du long métrage de Jean-Paul Paulin, «Le chemin de l’honneur», tourné en 1939, et sans doute plus proche de la réalité de ces 8000 Suisses qui rejoignirent la Légion étrangère durant les guerres coloniales et combattirent dans les rizières d’Indochine et les djebels d’Algérie.

Zitierweise:
Christophe Vuilleumier: Jérôme GUISOLAN: Capitaine Cérésole (1836-1881), un officier suisse au service de France, Pully: Centre d’histoire et de prospective militaires, 2016. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 125, 2017, p. 270-271.

Redaktion
Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 125, 2017, p. 270-271.

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